La Suisse romande en toute simplicité
A l'âge de seize ans, Aurélia Joly est venue de Winterthur en Suisse romande en tant que jeune fille au pair - et ne voulait plus partir. "Entre-temps, j'ai passé trois mois à Zurich. Ce n'était rien du tout. J'ai vite compris qu'il fallait que j'y retourne". Avec son mari Jacques, un vigneron du village voisin, elle a pu acheter une maison à Grandvaux, construite en 1750. La commune de Payerne y avait fait vinifier le vin de ses vignobles. Les Joly disposaient donc d'une exploitation viticole bien équipée, mais pas encore de vignes. Heureusement, ils ont rapidement trouvé des vignes à louer, et aujourd'hui, ils possèdent quatre hectares. Dans la cave, il y a encore des pièces d'un ancien pressoir géant. "On a probablement d'abord construit le pressoir, et ensuite la maison autour", dit Aurélia en riant. "La place manque dans notre cave. Nous sommes constamment occupés à transvaser. Nous avons l'impression d'être les champions du monde de Tetris". Malgré tout, les deux enfants sont déjà dans les starting-blocks. "Il n'est pas encore décidé qu'ils prendront la relève un jour. Il ne faut pas que ce soit une obligation pour eux. Il faut de la passion pour ce métier. J'ai besoin de la voir quand je transmets l'entreprise. Il faut s'investir corps et âme".

 
Le village à vélo
Dans le joli village viticole de Grandvaux, on rencontre souvent Aurélia à vélo. "Le compromis idéal entre la voiture et la marche, surtout pour les distances moyennes". Cela compte, car Aurélia se déplace souvent. Les vignes sont réparties sur pas moins de 25 parcelles. De plus, en tant qu'assistante hôtelière de formation, elle s'occupe de la gastronomie du domaine. En effet, on peut aussi y déguster un excellent repas. Au carnotzet, qui est ouvert tous les lundis en tant que buvette, et bientôt sur la vaste terrasse avec vue sur le lac que les Joly sont en train d'aménager. C'est d'ailleurs grâce à cette offre culinaire que de nombreux clients ont découvert les vins Joly. En 2019, Aurélia a participé à la campagne des femmes rurales. "Une expérience inoubliable - certains contacts noués à cette occasion existent encore aujourd'hui". Avec sa cuisine, elle vise aussi toujours un nouveau public. En ce moment, ce sont des groupes de cyclistes qui souhaitent concilier exercice physique et plaisir.

Des vins de filles et de garçons
En ce qui concerne le vin, les Joly voient larges. Pas moins de 18 produits font en effet partie de l'assortiment, dont la rareté rouge locale Plant Robert. "D'une manière générale, les vins rouges ont le vent en poupe, nous sommes donc en train de développer ce segment". Le "Vin des filles", né assez spontanément, est en outre un coup de maître, qui vise un public féminin sans tomber dans les clichés habituels sur ce thème. "Bien sûr, on me demande toujours quand le Vin des garçons va arriver et comment il est fait", raconte Aurélia en souriant. Les préférences en fonction du genre existent bel et bien, du moins dans la famille Joly. "Quand je sors un vin de la cave pour le dîner, c'est en général une spécialité. Pour mon mari, c'est le plus souvent un chasselas qui monte".

 
Spot culinaire
Ce n'est un secret pour personne que l'on mange et boit bien à Lavaux. Aurélia fait ses courses chez le boulanger Jean François Martin et chez le boucher Nardi à Cully. "Nous essayons de rester locaux là où c'est possible". Aurélia se rend aussi régulièrement au marché de Cully, et pas seulement pour faire ses courses. "En été, nous combinons cela avec un apéro. Nous apprécions cela". Ses restaurants habituels sont l'"Auberge de la Gare" à Grandvaux et l'"Auberge du Raisin" à Cully. Sans oublier le "Tout un Monde" à Grandvaux ; la vue sur les vignobles et le lac est phénoménale. "Oui, c'est une magnifique région ici... Les gens disent que nous sommes constamment en vacances. C'est la récompense de notre travail".


Texte original en allemand :
Stephan Thomas pour Gault & Millau